Les marchés boursiers sont constitués de plusieurs sous marchés. Comme cela a été évoqué dans un autre article, certains ont pour objet d’échange des actions. D’autres sont le lieu d’échange d’obligations. Précisons dès maintenant qu’elles différent fondamentalement des actions par leur nature.

Qu’est-ce qu’une obligation ? Comment fonctionne-t-elle ? Pourquoi voudrait-on en acquérir ?

1. La nature d’une obligation

Comme une action, une obligation est un titre financier : on se l’échange sur les marchés. Elle est émise par une entreprise qui a besoin d’argent pour se financer. Elle se tourne alors vers les investisseurs du marché pour leur demander s’ils accepteraient de lui prêter une somme d’argent, en contrepartie du versement d’intérêts. C’est là que l’obligation diffère fondamentalement de l’action : une obligation matérialise une créance à l’égard de la société. L’achat d’une obligation ne transforme pas l’investisseur en actionnaire. Il n’a aucun pouvoir au sein de l’entreprise. Son seul droit est le paiement des intérêts.

Une obligation peut également être émise par un État. Elle lui permet alors de s’endetter, par exemple pour financer un projet d’investissement. Comme une obligation d’entreprise, l’investisseur aura une créance à l’égard de l’État émetteur.

2. Le fonctionnement d’une obligation

Une obligation est donc une dette qu’a la société ou l’État à l’égard de l’investisseur. Pris dans l’autre sens, c’est une créance qu’a l’investisseur sur la société ou l’État. Lors de l’émission de l’obligation[1], le prêteur va transférer une somme d’argent à l’émetteur. Celui-ci sera endetté à son égard. Par exemple, si un investisseur prête 1000 à une société, celle-ci devra lui rendre 1000. Les modalités de remboursements peuvent varier : la société peut lui rembourser une certaine somme chaque mois, chaque année ou une seule fois jusqu’au remboursement complet[2].

Cependant, cette quantité d’argent prêtée[3] ne sera pas la seule versée à l’investisseur. L’émetteur versera également un intérêt. Celui-ci récompense le fait que l’investisseur n’ait pas utilisé son argent pour réaliser d’autres placements ou dépenses[4]. Par exemple, une obligation qui a un taux d’intérêt annuel de 5% oblige l’entreprise qui l’a émise à payer 5% de la valeur prêtée tous les ans. Notre obligation d’une valeur de 1000 oblige donc la société à payer 50 euros tous les ans en plus du remboursement du principal. Comme ce dernier, l’intérêt peut être versé tous les mois, tous les ans ou une seule fois à la date d’échéance.

3. Pourquoi acquérir une obligation

Une obligation a deux avantages. Le premier est l’assurance d’avoir des versements réguliers d’intérêts et de capital[5]. Le second réside dans son risque limité par rapport aux actions. Dans le cas d’une entreprise, le détenteur d’une obligation sera remboursé avant les actionnaires si la société dépose le bilan et subit une liquidation judiciaire. Il a donc une meilleure probabilité d’être remboursé.

Dans le cas des États, il est rare que ceux-ci fassent défaut et ne payent pas leurs dettes. Ainsi, les dettes d’État telles que celles des États-Unis, de l’Allemagne ou de la France sont considérées comme étant sans risque. Cependant, il existe des contre-exemples. Ainsi, les célèbres emprunts russes, datant de 1882 à 1914, ne furent jamais remboursés après que les bolcheviques arrivés au pouvoir les répudient. De même, l’Argentine a fait défaut en 2001 et la Grèce a connu ce même scénario en juillet 2015. Les investisseurs en obligation n’ont alors aucun espoir de voir leur dette remboursée, un État ne pouvant pas faire l’objet d’une procédure de liquidation ou de saisie de ses biens.

L’obligation est donc un titre financier moins risqué que l’action. Moins stressant, mais moins rentable : en finance, le risque est souvent le corrolaire d’une plus forte rentabilité. En pratique, l’investisseur construit un portefeuille qui se répartit entre actions et obligations selon son souhait de rentabilité et le risque qu’il est prêt à assumer.

[1] On parle d’émission obligataire. En pratique, l’entreprise émet de nombreuses obligations au cours d’une émission.

[2] La date de remboursement complet est appelée date d’échéance, ou de maturité, de l’obligation.

[3] On l’appelle le principal de la dette.

[4] Le taux d’intérêt dépend notamment de la bonne santé du marché et de l’entreprise emprunteuse ainsi que de la durée du prêt.

[5] À moins que, comme cela a été évoqué, le prêteur et la société émettrice se soient mis d’accord pour que le capital et les intérêts soient payés en une seule fois à l’échéance.