Tout le monde a déjà entendu le mot « action ». Qui n’a pas un oncle qui lui a déjà dit qu’il avait « joué en bourse », une grand-mère qui a eu l’idée brillante d’acheter des titres sur conseil de son banquier, un ami dont le frère a perdu la moitié de ses économies après un investissement douteux dans une société cotée… Les actions sont au cœur du fonctionnement des entreprises, rendent fous les boursiers et gonflent (ou réduisent) votre patrimoine.

Qu’est-ce qui se cache derrière ce terme connu de tous ? Comment fonctionnent-elles ?

Il est intéressant de noter que les juristes et les financiers ne vous répondront pas tout à fait les mêmes choses. Voyons ce qu’ils en disent.

1. Les actions selon les juristes

Pour un juriste, le cœur de la vie d’une entreprise est la société. Elle est créée par une ou plusieurs personnes, qui mettent ensemble de l’argent, des biens et éventuellement un savoir-faire[1] dans l’objectif de gagner de l’argent. En contrepartie, ils reçoivent des actions à proportion de leur apport. Par exemple, si un associé apporte au capital 100 euros et un second apporte 300 euros, le premier associé aura 25% du capital et le second 75%.

Cette répartition du capital est matérialisée par des parts sociales dans les sociétés de personnes[2] ou des actions dans les sociétés de capitaux[3]. Si les deux associés de notre exemple précédent créent une société anonyme, donc une société de capitaux, et décident que la société aura 4000 actions au capital, le premier en recevra 1000 et le second 3000.

Les actions ouvrent deux types de droits majeurs : le droit de recevoir des dividendes et le droit de voter en assemblée générale. Ainsi, celui qui aura 25% du capital aura droit en principe à 25% des dividendes et 25% des droits de vote[4]. Ce sont les droits de vote qui intéressent le plus les juristes car ils matérialisent le pouvoir au sein de la société.

Les financiers se soucient bien plus de la question des dividendes.

2. Les actions selon les financiers

Sauf exception, la plupart des financiers ne s’intéressent que moyennement au fait de voter en assemblée générale. Ils sont bien plus attachés à la question des dividendes et de la plus-value que l’action leur permettra d’obtenir.

Lorsque l’activité exploitée par la société est bénéficiaire, ses dirigeants peuvent décider de verser aux actionnaires une partie des bénéfices sous forme de dividendes. Par exemple, ils peuvent décider de verser un dividende égal à 3% de la valeur de l’action à un e certaine période. Ce dividende permet de calculer la valeur de l’action. Là est la grande différence avec les juristes : pour les financiers, une action est, avant tout, la perspective d’une rentrée d’argent à intervalle de temps réguliers[5]. Elle justifie le prix qu’ils sont prêts à payer.

De plus, si les perspectives futures de l’entreprise sont bonnes, les investisseurs peuvent même anticiper que ce dividende augmentera dans le futur. Ils seront alors tentés d’acheter plus de ces actions. Du fait du mécanisme économique de la loi de la demande, une augmentation de la demande sans augmentation des quantités d’action en circulation conduit à une hausse de la valeur de l’action. Cette hausse de valeur est appelée plus-value.

L’action est donc le mode de répartition du pouvoir et des dividendes au sein des sociétés. Leur invention par les juristes et les financiers a permis un fort développement de l’économie de marché. Elles sont d’ailleurs encore promises à un bel avenir juridique. Leur avenir financier est (comme toujours) incertain.

[1] Cet argent, ces biens et ce savoir-faire constituent les apports des futurs associés à la société naissante.

[2] Les petites sociétés où tous les associés se connaissent. C’est, par exemple, la société qui exploite une boulangerie.

[3] Les grosses sociétés, comme les sociétés cotées (Total, LVMH, Sanofi…).

[4] Il peut arriver que les associés se mettent d’accord pour recevoir une plus grosse part des dividendes et des droits de vote. C’est utile si l’associé qui en bénéficie est le PDG : il sera ainsi encouragé à avoir de bonnes performances.

[5] On parle de chronique de flux futurs. Sur cette base, un calcul d’actualisation est une des méthodes qui permet de valoriser une action.