Nos grands-parents avaient déjà tout compris. Ils nous enseignent de ne pas mettre tous nos œufs dans le même panier : en cas de chute, vous n’allez plus avoir grand-chose à manger… La gestion d’un portefeuille d’actions et d’obligations suit la même logique. Dans ce contexte particulier, on parle de diversification. Les gérants ne vont pas acheter qu’un seul et même actif, par exemple une action d’une société précise. Ils vont acheter des plusieurs types de titres, par exemple des actions et des obligations, de plusieurs sociétés de plusieurs secteurs différents, éventuellement de zones géographiques différentes.

Quels sont les avantages de la diversification ? A-t-elle des inconvénients ?

I) Les avantages de la diversification

Pour expliquer les avantages de la diversification, il faut d’abord comprendre la pensée des gérants. Lorsqu’ils créent un fonds d’investissement, ils se fixent un objectif de rentabilité. Par exemple, ils peuvent décider que le nouveau fonds sera destiné à des personnes qui souhaitent doper leur épargne. Ils fixeront alors un objectif relativement élevé, par exemple à 8% annuel. Pour cet objectif de rendement, ils vont chercher à avoir le minimum de risque : ils veulent la plus forte certitude possible d’atteindre cet objectif. Dit autrement, ils veulent limiter au maximum la possibilité que le rendement du fonds dévie de l’objectif de 8%. Ce niveau de variation est appelé variance en statistiques.

Un gérant veut donc un rendement maximum pour la plus petite variance possible. La meilleure façon de limiter cette variance est d’acheter plusieurs titres différents dans le portefeuille du fonds. Pour décider de quels titres choisir les méthodes varient : analyse technique, analyse fondamentale… Les possibilités sont nombreuses. Cependant, une fois cette méthode de choix adoptée et exécutée, le travail du gestionnaire de fonds ne s’arrête pas : lorsqu’il a choisi les actions des sociétés A, B et C, encore doit-il décider des proportions dans lesquelles il va les acheter. Vaut-il mieux constituer le portefeuille d’un tiers de chaque actif ? Ou deux tiers de A, un sixième de B et un sixième de C ? Le gérant choisira la combinaison qui offre le rendement le plus proche de 8% pour la variance la plus basse.

Un tel portefeuille aura donc la meilleure probabilité possible d’atteindre l’objectif. Cependant, cette mécanique ne fait pas que limiter le risque : elle va également limiter votre profit potentiel.

II) Les désavantages de la diversification

Limiter la variance de votre portefeuille en diversifiant est une bonne chose : si un des titres choisis s’effondre, à moins que tout le marché ne soit en train de s’effondrer, n’affectera pas vos autres titres. Ce n’est donc qu’un petit bout de votre portefeuille qui diminue. Cependant, ce constat vaut aussi à la hausse. En effet, la variance évalue le risque de déviation à la baisse comme à la hausse. En limitant le risque de baisse, vous limitez donc la probabilité d’une forte hausse de la valeur de votre portefeuille ! Pour illustrer cela, prenons deux portefeuilles. Le premier est uniquement constitué de l’action A. Le second est constitué à un tiers de l’action A, un tiers de l’action B et un tiers de l’action C. Imaginons que le cours de l’action A augmente de 15% à l’annonce d’une fusion, le premier portefeuille verra sa valeur augmenter de 15% puisqu’il ne contient que cet actif. Dans le second portefeuille, l’augmentation de la valeur de l’action A entraînera une hausse de 5%, puisque l’actif A ne représente qu’un tiers du portefeuille. La diversification a donc atténué l’importance du gain global.

Ces hésitations entre diversification limitée ou importante illustrent une propriété fondamentale de la finance de marché : pour obtenir une rentabilité élevée, il faut assumer un risque plus important. Certains investisseurs s’accommodent très bien de ce risque. Par exemple, George Soros affirme ne pas rechercher la diversification lorsqu’il est sûr d’avoir raison. Cette stratégie lui a permis de gagner un milliard de dollars en une nuit lors du fameux « casse sur la banque d’Angleterre ». Elle lui a aussi coûté un milliard de dollars lorsqu’il a parié sur une défaite de Donald Trump aux élections présidentielles américaines…