Il est surprenant de constater qu’il ne se passe quasiment pas une seule journée sans que l’on évoque les termes de « croissance », « baisse de la croissance », ou encore « promesses électorales de reprise de la croissance non respectées », sur les chaines d’informations ou revues de presse économiques, alors que finalement peu de personnes ont une idée précise de ce en quoi cela consiste.

Que signifie donc concrètement ce terme ?

La croissance économique peut tout simplement être défini comme l’accroissement de la production de biens et de services dans un pays ou une zone économique donnée, sur une période donnée, le plus souvent une année.

Il s’agit seulement de la production sur le territoire d’un pays, non pas des biens et services produits par des citoyens du pays en question à l’étranger.

Attention ! La croissance effective ne doit pas être confondu avec la notion souvent évoquée de « croissance potentielle », qui signifie une augmentation soutenable à moyen et long terme de la production, sans accélérer l’inflation (hausse des prix), ou dit plus simplement, cela correspond au niveau du P.I.B lorsque les facteurs travail et capital sont parfaitement exploités et utilisés de manière optimale.

  • Comment mesurer la croissance

L’indicateur le plus utilisé pour mesurer la croissance reste le P.I.B (Produit Intérieur Brut), qui correspond à la valeur totale des biens et services produits par les agents économiques résidant dans une même zone économique au cours d’une année donnée. Ainsi, dès lors que l’on entend « relancer la croissance », traduisez « augmentation du P.I.B. »

Malgré l’efficacité du P.I.B à mesurer la croissance économique, cet indicateur de mesure de la croissance a toutefois été l’objet de nombreuses critiques.

Un slogan de Mai 68 disait alors : « On ne tombe pas amoureux d’un taux de croissance », en référence au fait que l’augmentation du P.I.B ne mesurait pas le niveau de bien-être de la population. C’est pourquoi un nouvel indicateur de mesure de la croissance a vu le jour en 1990 : l’Indice de Développement Humain, qui accorde davantage d’importance à évaluer le bien-être collectif et individuel, en incluant au P.I.B le niveau d’alphabétisation et l’espérance de vie à la naissance.

  • La croissance, oui, mais pas trop !

La différence entre la croissance effective et la croissance potentielle est appelée « écart de production », ou « output gap » en anglais.

Dès que cet écart augmente, dans le sens où la croissance effective devient supérieure à la croissance potentielle, le P.I.B réel atteint un niveau supérieur au P.I.B potentiel, ce qui entraînera à terme un sur-investissement, plus communément appelé « phase d’expansion », à traduire littéralement que l’on produit plus que ce que permettraient potentiellement les moyens de production. Ceci se traduira par de l’inflation par les coûts : une hausse des salaires, et donc in fine une augmentation des prix des biens à la consommation.

Voilà pourquoi il y a des limites à l’accroissement du P.I.B, ce qui explique aussi pourquoi un des cinq critères du traité de Maastricht, instituant l’Union Européenne en 1992, consiste à veiller à ce que le niveau d’inflation ne dépasse pas les 2%.

  • Comment relancer la croissance ? (Ou la freiner lorsque l’inflation est trop forte !)

Freiner la croissance quand elle est trop forte

Lorsque la croissance effective devient supérieure à la croissance potentielle, cette surproduction entraînera alors ce que l’on appelle l’inflation par les coûts, c’est-à-dire que le trop-plein d’emploi conduira à une faiblesse du taux de chômage, qui fait que les entreprises seront contraintes d’augmenter les salaires afin de pouvoir conserver leurs employés, qui entraînera enfin une augmentation du niveau général des prix. Le gouvernement devra alors mettre en place une politique de « déflation » (baisse du niveau général des prix, en diminuant la production, en augmentant les taux d’intérêt ou encore en réduisant la masse monétaire en circulation).

Relance de la croissance

Lorsque l’on assiste à une baisse de l’activité économique prolongée, voire une diminution de la production de biens et services constatée durant deux trimestres consécutifs, on entrera alors dans une période appelée « récession », qui se traduira donc par une augmentation de l’output gap, mais cette fois ci dans le sens inverse : la croissance potentielle sera alors bien supérieure à la croissance effective, c’est à dire que les capacités de production des entreprises ne seront pas pleinement exploitées, ou utilisées de manière inefficiente.

Afin de relancer la croissance, le gouvernement aura alors le choix entre mener une politique d’offre, ou de mener une politique de demande, tout dépendra de qui est à la tête de celui-ci, il est évident que les choix politiques de Martine Aubry différeront de ceux de François Fillon !

Si la gauche est au pouvoir, les choix du gouvernement s’orienteront plutôt vers une politique de demande, aussi appelé « politique expansionniste » ou plan de relance. A contrario, un gouvernement de droite aura tendance à mener un plan d’austérité, aussi appelé « politique de rigueur », (diminution des dépenses publiques, et augmentation des impôts indirects) afin d’accroître le niveau de production des entreprises à travers une politique d’offre.

Le gouvernement pourra aussi freiner la demande en réduisant le pouvoir d’achat des ménages, et donc réduire la consommation, en réduisant les minimas sociaux (R.S.A, aides au logement…) ou encore en réduisant le salaire de la fonction publique. Ainsi, on resserrera l’écart entre l’offre et la demande de biens et services, ce qui fera baisser naturellement le niveau général des prix. Cette manœuvre freinera le taux de croissance momentanément afin de réduire l’inflation, qui était ici induite par une demande supérieure à l’offre, et retrouver un niveau de croissance plus élevé sur le long terme.

Politique de l’offre, en quoi cela consiste ?

Le gouvernement pourra alors mener une politique d’offre, qui consistera à encourager le niveau de production des entreprises, en baissant leurs charges fiscales, comme l’impôt sur les sociétés, et en diminuant les charges qui pèsent sur les travailleurs. La diminution de ces coûts entraînera ainsi, selon les partisans de la politique de l’offre, une augmentation de la production des entreprises, une reprise de l’emploi, et donc de meilleurs objectifs de croissance.

Politique de la demande

La relance économique par la demande consiste ici à augmenter les dépenses publiques et à diminuer l’impôt indirect, ce qui a pour objectif d’entraîner une augmentation de la demande, et cette augmentation de la consommation de biens et services permettra, toujours selon les partisans de la politique de la demande, un accroissement de la croissance effective. En effet, l’augmentation du pouvoir d’achat des ménages et de la consommation permettrait de revenir à un équilibre économique optimal : augmentation de la demande, augmentation de l’offre par la suite, et retour au plein emploi.

Et oui ! L’économie est bel et bien la seule science sujette à débat !

Quant à la réponse à savoir si Macron est alors finalement de droite, ou de gauche… Réponse en 2022 !