Ni trop chaud, ni trop froid, comme le bol de soupe choisi par Boucle d’or dans le conte des frères Grimm, l’économie Boucles d’or (« goldilocks economy ») désigne la situation d’équilibre dans laquelle doit se trouver l’économie pour prospérer : une croissance solide, sans excès pour éviter tout dérapage de l’inflation, ni trop faible pour s’éloigner de la récession. Cette métaphore fut inventée en 1992 par David Shulman, économiste américain dans la banque d’investissement Salomon Brothers, auteur de l’article « The Goldilocks Economy : Keeping the Bears at Bay » (L’économie boucle d’or : maintenir les ours à l’écart).

Origine et definition

Dans son article de 1992, David Shulman décrit la situation économique américaine d’alors : l’économie tourne à plein, mais le spectre d’une inflation excessive reste éloigné. De fait, la FED (banque centrale américaine) ne s’engage pas dans une politique monétaire visant, par l’appréciation de ses taux directeurs, à une réduction de la masse monétaire, et donc de l’inflation. Pour rappel, une telle appréciation conduit généralement, à une baisse de l’investissement en raison d’un renchérissement mécanique du crédit.

La « Goldilocks economy » renvoie donc à une situation d’équilibre économique, jugée optimale. Dans un pays développé : une croissance économique entre 2 et 3%, une inflation autour de 2%, des taux d’intérêts bas.

Exemples

  • L’ancien secrétaire au travail de Bill Clinton, Robert Reich, a utilisé l’expression de « goldilocks recovery » (redressement boucle d’or) pour caractériser l’économie américaine dans les années 1990s.
  • Ben Bernanke, président de la FED de 2006 à 2014, affirme en février 2007 que les Etats-Unis seront cette année-là en situation de « Goldilocks economy ». C’était sans compter sur la crise des subprimes qui frappe les Etats-Unis fin 2007. Comme dirait l’économiste John Kenneth Galbraith, « la seule fonction de la prévision économique, c’est de rendre l’astrologie respectable. »

Et 2018 ?

En 2017, de nombreux analystes affirment que l’économie américaine est entrée dans une « économie Boucles d’or » : croissance forte (2,3%), inflation jugulée (2,13%).

Cette situation peut-elle perdurer en 2018 ? Il est probable que, cette année encore, l’inflation n’aille pas au-delà d’environ 2%, et que, par conséquent, la FED n’augmente pas significativement ses taux directeurs. Toutes les conditions semblent donc réunies, à moins qu’un grain de sable enraille la machine américaine :

  • Vers un ralentissement de la croissance mondiale (3,7% en 2017) ? La réforme fiscale du Président Trump, qui vise à doper une économie déjà très performante, pourrait provoquer une forte inflation, tandis que le risque d’une crise de la dette ou du marché immobilier en Chine n’est pas écarté.
  • Les surperformances de 2017 pourraient inciter les investisseurs à former des anticipations trop optimistes. Or le climat de confiance, caractéristique de la Goldilocks economy, perdure seulement si les anticipations de résultats sont atteintes.