Les économistes, comme les philosophes, se regroupent en courants de pensée. Par exemple, les économistes classiques pensent que le marché est le mode optimal de répartition des ressources rares. Selon eux, il aboutit systématiquement à un prix d’équilibre. Les économistes néoclassiques ont tempéré ce point de vue. Ils considèrent que le marché fonctionne globalement bien. Cependant, ils admettent que certaines situations faussent le mécanisme de fonctionnement des prix du marché. Ces défaillances du marché incluent notamment les externalités.

Qu’est-ce qu’une externalité ? Comment peut-elle être traitée par le marché ?

1. Les externalités positives et négatives

Le terme « externalité » dérive du mot « externe ». Il décrit en effet un phénomène externe à l’agent économique envisagé. Plus précisément, l’étude d’une externalité implique deux agents distincts. L’activité du premier va avoir une influence externe sur l’activité du second, qu’elle soit positive ou négative, sans compensation en argent. Cela a un impact sur l’utilité que tire le second agent de son activité[1]. Prenons deux exemples opposés. Le premier est celui d’une activité polluante, telle qu’une centrale à charbon, qui serait installée à côté d’une entreprise d’informatique. En brûlant du charbon, la centrale répand de la pollution, ce qui a une incidence sur la santé des gens vivant autour de l’usine. Ceux-ci travaillent notamment dans l’entreprise d’informatique. Or, des personnes vivant dans un environnement pollué risquent de développer des maladies respiratoires plus fréquemment. Cela augmente leur taux d’absentéisme, donc réduit le profit que réalise l’entreprise d’informatique. La centrale réduit la productivité de l’usine par son activité, sans qu’elle lui verse de compensation pour cela. Il s’agit d’une externalité négative. La vaccination est un exemple d’externalité positive. En promouvant la vaccination, un État réduit la prévalence de maladies graves. Il augmente ainsi le taux de présentéisme, donc la productivité.

Bien que le marché ne parvienne pas à gérer spontanément ces externalités, les économistes ont réfléchi à des méthodes pour en réduire les effets.

2. L’internalisation des externalités

Ce sont les économistes de l’environnement qui se sont le plus saisis de la question des externalités. Cela se comprend du fait que l’essentiel des questions soient environnementales et écologiques. Plusieurs solutions ont été proposées. Prenons le cas d’une entreprise polluante, donc génératrice d’une externalité négative. La première solution est de laisser faire. Bien que peu satisfaisante, elle peut être utilisée si la somme des externalités positives tirées d’une activité est supérieure à celle des externalités négatives qu’elle entraîne. La deuxième solution est la fusion des deux entreprises. L’entreprise qui crée une externalité négative devra alors la limiter pour assurer la rentabilité de l’autre activité. La troisième solution a été proposée par Ronald Coase : il s’agit de la négociation entre les acteurs. Elle permet notamment de mettre en place un système d’indemnisation du pollué sans intervention de l’État. Enfin, la troisième solution implique une intervention de l’État. Il peut limiter l’émission de pollution par la loi, ou imposer une taxe sur la pollution émise. C’est l’économiste Pigou qui a eu l’idée de bâtir une telle taxe : un pollueur qui serait taxé serait ainsi incité à limiter ses émissions polluantes.

Les externalités peuvent donc fausser le jeu du marché en affectant le prix de production d’un bien ou d’un service, à la baisse comme à la hausse. Elles illustrent parfaitement les effets de la pollution ou des maladies. Les dirigeants politiques peuvent parfois s’inspirer des solutions proposées par les économistes pour y remédier. Ce n’est pas toujours un succès, comme l’épisode de l’écotaxe a pu le montrer.

 

[1] Pour rappel, l’utilité décrit le bien-être ou le profit qu’un agent économique tire d’une décision.