La dette italienne qui a désormais atteint les 132% du PIB affole les observateurs et présage d’un avenir incertain.

Le spread (écart entre le taux de rentabilité actuarielle de la dette allemande (placement très peu risqué) et celui de l’Italie (placement assez risqué) ne cesse d’augmenter à cause de l’incertitude qui règne à propos de la solvabilité de l’Italie. Les investisseurs exigent des taux plus élevés lorsqu’ils prêtent des capitaux à l’état italien compte tenu du risque de défaut.

La situation fragile de l’état italien envoie donc des signaux négatifs aux marchés qui se montrent moins enclins à acquérir des bons du trésor.  Pour inverser la tendance et éviter une faillite étatique Carlo Cottarelli, ancien du FMI a pris la tête d’un « gouvernement technique » chargé » de remettre de l’ordre dans les comptes italiens pour réduire le spread et rassurer les marchés. Pour se faire il a mis en place une politique d’austérité visant à réduire le déficit de l’état par de fortes baisses des dépenses publiques. En effet, si rien ne s’améliore et si le gouvernement ne change pas de cap, l’état se retrouvera dans une situation difficile : plus personne ne voudra prêter à l’Italie par peur de ne pas être remboursé, l’état se retrouvera sans financement et il ne pourra donc plus rembourser les titres de bon du trésor déjà émis qui arrivent à échéance ce qui entrainerait une faillite de l’état.

Les  premières victimes d’un défaut de paiement de l’état italien seraient les italiens eux-mêmes. En effet depuis plusieurs années la BCE mène une politique de quantitative easing qui vise à racheter des titres de dette publique des différents états européens. Pour se faire, elle demande à chaque banque nationale d’acheter des titres de bon du trésor pour son compte. Les banques nationales se retrouvent donc chacune avec de nombreux titres de leur dette publique (la Banca d’Italia possède à son actif 20% de la dette souveraine). Indirectement c’est donc l’épargne des italiens (fonds de pensions, épargne individuelle,…) qui serait touchée. Un défaut de paiement impacterait l’économie nationale mais toucherait aussi de nombreux épargnants.

L’agence Moody’s réfléchit actuellement à dégrader la note de la dette italienne. Si c’est le cas, cela restreindrait l’accès aux marchés de capitaux, or l’état italien a besoin de financement pour honorer le paiement de ses échéances de dette. Seules des signes forts du gouvernement en termes de rigueur économique pourraient empêcher cette décision.

Nous le savons, les marchés ont besoin d’être rassuré et les inquiétudes des investisseurs peuvent avoir des conséquences désastreuses sur l’économie. Même si cela est difficile, il est important que l’état italien réduise ses dépenses pour que sa solvabilité ne soit pas remise en question, sinon …… l’Italie court droit à la catastrophe.