L’économie se définit volontiers comme la science de l’allocation des ressources rares. Elle offre une méthodologie qui permet de choisir, entre plusieurs possibilités, celle qui vous apportera le plus de bien-être ou de profit. On regroupe ces deux termes sous l’expression « utilité ». Le raisonnement mené par les économistes est le suivant : vous disposez d’une ressource limitée. Il peut s’agir de matières premières, d’argent, de produits finis, ou tout simplement de temps. Vous souhaitez l’utiliser de la manière la plus efficace possible. En réalisant votre choix entre les différentes opportunités qui se présentent à vous, le choix optimal sera celui dont vous tirerez la plus grande utilité. Ce choix, généralement exclusif, se fait cependant au détriment d’autres possibilités, créant ainsi un coût dit « d’opportunité ». Il matérialise le gain qu’aurait réalisé l’entreprise en adoptant une autre stratégie.

Comment les économistes appréhendent-ils la notion de coût d’opportunité ?

1. Les coûts en économie

Les économistes, comme les comptables, se réfèrent à la notion de coût. Elle désigne l’appauvrissement ou la dépense d’un agent économique à la suite d’un évènement ou une action. Ainsi, le comptable pourra enregistrer la dépense d’une entreprise liée à l’achat de matières premières. L’économiste prendra également en compte ce coût pour calculer l’utilité qu’un agent économique tirera d’une décision. Par exemple, si une entreprise achète 400 euros de marchandises et les vend pour un prix de 1000 euros, le comptable déterminera qu’elle a réalisé un profit de 600. L’économiste, arrivera à la même conclusion. Ainsi, il considérera que l’utilité tirée par l’entreprise de l’opération s’élèvera de 600.

En dépit de ces similitudes, les comptables et les économistes divergent en deux points dans leur appréciation des coûts. La première est la prise en compte du temps. Les règles comptables étant essentiellement liées à la fiscalité en France, il est essentiel de déterminer la date exacte de la dépense dans ce cadre. Les économistes considèrent la dépense dans le cadre de modèles prédictifs. La date de matérialisation du coût est moins essentielle. La seconde différence essentielle est la prise en compte du « niveau 0 » des profits, c’est-à-dire des coûts pris en compte. C’est là qu’intervient la notion de coût d’opportunité.

2. Le coût d’opportunité, ou la matérialisation « point 0 » particulier

Lorsqu’un comptable calcule le profit d’une entreprise, le point 0 du profit est l’égalité entre les dépenses et les gains. Par exemple, si une entreprise réalise un gain de 1000 et des dépenses de 1000, son profit sera de 0. L’économiste aura une vue plus large de la situation du fait qu’il tiendra compte des différentes opportunités qui s’offrent à l’entreprise ou l’agent économique. Prenons le cas d’une entreprise. Celle-ci est placée dans une situation de choix entre plusieurs décisions. Par exemple, elle dispose d’une trésorerie limitée à 5 000 et doit décider comment l’investir. Elle peut l’utiliser pour acheter une machine, qui lui offrira un profit annuel de 1 000 sur une période de 10 ans. Elle peut également le placer sur un compte en banque, avec un rendement annuel de 600 sur une période de 10 ans.

Faisons un rapide calcul : si elle choisit d’acheter la machine, elle réalisera un gain de 10 000 et aura un coût de 5 000, soit un profit de 5 000. Si elle place l’argent, elle aura un gain de 6 000 sans coût afférent. Si l’industriel, pour diverses raisons, décide d’acheter la machine, le comptable lui affirmera qu’il réalisera un profit de 5 000. L’économiste lui affirmera qu’il réalise une perte ! Plus exactement, il réaliserait une perte de 1 000. En effet, s’il avait choisi de placer son argent à la banque, il aurait réalisé un profit de 6 000, donc supérieur de 1 000 au scénario d’achat de la machine. Ce coût d’opportunité est donc pris en compte par les économistes, ce qui déplace le niveau auquel le profit est réalisé. Ainsi, une entreprise ne réalise un profit économique qu’à partir du moment ou la solution choisie est meilleure que la meilleure option initialement disponible. La prise en compte du coût d’opportunité conduit donc bien à déplacer le niveau de gain à partir duquel un profit est réalisé.

La notion de coût d’opportunité est systématiquement utilisée par les économistes. On la retrouve également en finance, du moins partiellement. En effet, l’intérêt tiré d’un placement prend notamment en compte le fait que l’argent placé soit immobilisé, donc impossible à affecter à d’autres investissements.