Les enjeux de la mondialisation

La mondialisation peut être défini comme un accroissement des interdépendances des économies entre elles pour former une « économie monde », rendu possible par l’ouverture des frontières, l’expansion du commerce international, de la délocalisation, au nom des bienfaits du libre-échange, de la libre circulation des hommes et des biens. Ce phénomène s’est accéléré à partir des années 1990 pour conduire à une intégration non seulement des échanges commerciaux mais également de la production et des capitaux.

Souvent décrite comme inéluctable, la mondialisation représente l’hégémonie du modèle américain, mais également le désir de plus en plus marqué des populations de découvrir d’autres cultures et de partager avec d’autres nations.

Depuis la fin de la seconde guerre mondiale, l’intensification des échanges commerciaux a alimenté la multiplication par 6 du PIB mondial. Les années 1990 ont également connu une accélération fulgurante des échanges, principalement dû à l’entrée des pays émergents dans la mondialisation : La Chine est le 1er exportateur depuis 2009, ce qui constitue une source considérable de déséquilibres internationaux.

A qui la mondialisation profite ?

La mondialisation a suscité, pour le moins que l’on puisse dire, un nombre incalculable de craintes et soulevé de nombreux débats, dans la mesure où l’ouverture des frontières, malgré les bienfaits théoriques du libre-échange évoqués par les économistes libéraux comme Adam Smith ou Ricardo, conduit les nations à protéger leurs propres intérêts ou ceux de leurs acteurs économiques afin de faire face à une concurrence de plus en plus forte. Ce phénomène contribue de plus à accentuer les écarts de richesses entre les pays industrialisés et les pays en développement.

 En réalité c’est autour de trois zones que s’opèrent les échanges commerciaux mondiaux, à savoir les pays de la triade : l’Europe, le bloc Asie du Sud Est-Chine-Japon, et les Etats-Unis d’Amérique, et sont donc dominés en grande majorité par les pays développés qui peuvent ainsi imposer leur loi économique. Si la participation à l’échange commercial mondial peut représenter un facteur de développement économique, elle ne s’est pas accompagnée d’une réduction des inégalités entre les pays riches et les pays pauvres, bien au contraire !

La mondialisation représente ainsi un frein au développement de certains pays.

De ce fait, le principal enjeu de la mondialisation est de savoir s’il faut ou non laisser se creuser un tel fossé et laisser le marché seul maître de la répartition des flux commerciaux.

Cette intensification des échanges commerciaux a entrainé les multinationales dans une course effrénée à la recherche de gains de productivité et a ainsi profondément modifié la structure de la concurrence. Les entreprises n’hésitent plus à se délocaliser, à fractionner leur production dans plusieurs pays, comme les entreprises du textile, de l’informatique, de la sidérurgie, ou de la grande distribution, et n’hésitent plus à licencier leur personnel malgré la hausse de leur profit, à l’exemple d’ArcelorMittal en 2008.

Ce sont en réalité l’essor des nouvelles technologies d’information et de communication, la mobilité des facteurs de production ou encore le développement des groupes multinationaux qui ont rendu possible l’accroissement des échanges à échelle mondiale. Cette mondialisation de la production renforce les échanges de capitaux et rend nécessaire leur décloisonnement, leur dérèglementation et leur libre circulation pour financer les investissements internationaux.
La libéralisation financière a favorisé une meilleure allocation des ressources financières dans le monde, et a permis une meilleure orientation de l’épargne mondiale vers les investisseurs, mais a d’un autre coté aussi accru les probabilités de risques systémiques, c’est à dire qu’un accident financier isolé se propage à l’ensemble de la planète, comme la crise financière de 2007-2008.

La mondialisation a aussi facilité le développement des paradis fiscaux et « gonflé » artificiellement et virtuellement la sphère financière.

De plus, cette très forte mobilité des capitaux internationaux a eu pour effet de limiter la portée des politiques économiques considérées comme incompatibles par les agents économiques opérant sur le marché financier mondial et, sanctionnant tout écart par des opérations de change ou de transferts de capitaux. Leur marge de manœuvre se trouve donc limitée par les intérêts de certains acteurs économiques privés, comme les PDG de grandes banques d’investissement ou de puissantes multinationales, appelés « les nouveaux maîtres du monde ».

Doit-on alors réglementer les flux financiers dans un souci d’éthique économique ou laisser le marché décider de l’orientation des capitaux ?

Alors la transformation de ces trois espaces de l’économie ne réduirait-elle pas le pouvoir relatif des Etats par rapport aux forces du marché ?

A côté de cette nouvelle configuration de l’espace économique, cette transformation accentue le dérèglement naturel de notre planète. En effet, les profits générés aujourd’hui feront les nuisances et les catastrophes de demain.

Aujourd’hui, cette globalisation de l’économie peut se caractériser par l’engrenage de trois rouages : 1) Commercial : Extension de l’espace commercial des nations 2) Financier : toutes les places financières sont désormais liées entres elles par Internet, ce qui a engendré la création d’un marché financier planétaire, et une internationalisation des capitaux. 3) Transnationalité des investissements directs à l’étranger.

Cette considérable transformation de la dimension spatiale de l’économie a renforcé la concurrence entre les biens, les services et les capitaux, mais élargit également le champ de cette dernière à l’ensemble des politiques publiques nationales, à la culture, à l’éducation, à la protection sociale, à la fiscalité, aux règles et modèles d’organisation. De ce fait, la mondialisation de l’économie a mis en concurrence des nations dont les valeurs, les institutions, les règles, les richesses peuvent être différentes, ce qui explique pourquoi la libéralisation des échanges et des capitaux provoque des conflits entre les nations et à l’intérieur de celles-ci.

Les justifications théoriques du protectionnisme et de la dévaluation monétaire, visant à limiter l’entrée de produits ou de capitaux étrangers.

L’ouverture commerciale a longtemps été critiquée pour favoriser les délocalisations. Ainsi, afin de favoriser leurs propres industries, les états ont été contraint d’adopter de nombreuses mesures protectionnistes, comme l’imposition de droits de douane (exemple en Union Européenne sur le photovoltaïque chinois en 2013), la mise en place de quotas, ou encore les subventions à l’exportation.

Aux outils protectionnistes s’ajoute également la pratique de la dévaluation monétaire compétitive. En effet, depuis 2013, les Etats-Unis et la Chine ont dévalué leur monnaie par rapport au RMB (Renminbi) et à l’Euro, dans le but de réduire leurs importations ou de rendre plus onéreux les produits importés, et donc in fine inciter les consommateurs à consommer « local ».

Faut-il empêcher les délocalisations ?

En 2003, George W. Bush décidait d’augmenter les barrières tarifaires de 30%, mais ces barrières ont-elles été efficaces pour protéger l’emploi ? En se basant sur les observations de la période allant de 1964 à 2011, les économistes prévoient que cette décision permettrait de préserver 3500 emplois chez les producteurs d’acier. Cela dit, en renchérissant les prix, la hausse des barrières douanières aurait également détruit entre 12000 et 43000 emplois chez les entreprises utilisatrices de ce produit.

Les décisions politiques de limiter les importations sont souvent prises sous la pression d’un secteur d’activité pour protéger les entreprises en déclin. Si l’ouverture commerciale et la concurrence en général génèrent des effets de redistribution des revenus et modifient l’allocation de l’offre et de la demande de travail, elles améliorent le niveau de vie moyen de la population. Cependant, les « perdants », moins nombreux que les gagnants, peuvent inciter à l’instauration de politiques commerciales protectionnistes non justifiées économiquement.